Elle grandit sans père. Elle grandit sans mère. Elle grandit sans sa sœur ni son frère.
Un à un ils lui ont tourné le dos, certains en silence sans un mot, d'autres en hurlant jurant et insultant, les plus forts des maux.
Ils sont tous partis, ils ne se sont pas retournés.
Où sont-ils, elle les a tant cherché.
Où sont-ils que font-ils ?
Pensent-ils à elle ? L'aiment il toujours ?
Trop de questions et aucun retour.
Elle a prit son chemin, ils ont voulu choisir le sien. Elle n'a pas accepté, ils n'ont pas accepté. Ils n'ont pas toléré et se sont échappés, sans jamais l'écouter.
Une explication de la patience, un mur une absence.
Une mère, un être, une importance immense. Une ignorance un silence et beaucoup de souffrance.
Un père de l'orgueil des insultes et de la colère. Un mur un sourire fermé tellement fier.
Une sœur si loin trop loin tellement loin. Ne sait plus ce qu'est la fraternité, n'en n'a pas besoin.
Un frère tellement sage tellement doux et gentil. Pour lui, un faux pas et c'est terminé pour la vie.
Il était 4, ils étaient unis à elle, elle avait une famille. Ils sont tous partis un à un, chacun leur chemin, l'oubliant sans aucun sentiment.
Le téléphone ne sonne plus et depuis bien longtemps, désespérément le cœur en larmes elle attend.
Chaque soir elle se ressasse le passé à leurs côtés. Chaque soir elle pleure le cœur serré les larmes posées sur son oreiller. Elles l'accompagnent dans sa plus triste solitude, Allah facilite-là aide-là c'est si dur.
Ne plus prononcer le mot "papa" fait si mal. Ne plus prononcer le mot "maman" c'est juste terrifiant.
Ou sont donc ses repères ? Ses propres enfants ? De si petits êtres ne peuvent remplacer des parents...
Une souffrance enfouie sous un sourire radieux, elle prie chaque jour qu'Allah les guide et qu'elle revienne auprès d'eux. Juste prononcer ce mot "papa". Juste prononcer ce mot "maman". Les serrer dans ses bras, si fort mais si doucement. Un baiser qu'elle n'a pas fait depuis tant d'années, son quotidien qu'elle ne peut leur partager, l'évolution de ses enfants dont ils se sont privés.
Elle endosse auprès de sa chair le rôle de grands-parents.
"Ummi dis-moi papi on le voit quand ?"
"Ummi dis-moi mamie c'est qui ?"
Dans la rue, devoir croiser tant de papis mamies que ses enfants s'approprient, ça fait juste mal comment y remédier ?
Elle grandit sans sa famille, dans le silence de sa souffrance, un cri étouffé, les yeux gonflés "papa maman je suis là s'il vous plaît répondez".
Personne ne le sait personne ne le voit et quant bien même ceux qui le savent ne le voient pas. Al-Hamdu li-Llãh c'est juste ça l'essentiel, ne pas montrer le mal que l'on a.
Elle pourrait grandir avec tout l'amour du monde. L'amour de ses enfants. L'amour des gens. Mais L'amour de ses parents ne se remplace pas. Quant bien même croit-on le combler on n'y arrivera pas...
A ma mère. A mon père.
A ma sœur et mon frère.
Je patienterai. Vous me manquez...