Ton quotidien, c'est lui.
Tu l'aimes. D'un amour inexplicable.
Tu rigoles tu souris. Tu es heureuse. Et quel humour tu as ! Une joie de vivre.
Tout le monde pense du bien de toi. Tu es épanouie heureuse et ne demande rien.
Épanouie ? Heureuse ?
Tu l'es ou tu le parais ?
Ton époux est un homme bon aux yeux des gens. Un homme doux. Et au comportement, respectable. Il a l'admiration d'autrui. Un travail. Une stabilité.
Tu t'étais renseignée sur lui avant de le connaître. Et ô combien tu as entendu du bien de lui.
Vous vivez heureux d'après votre entourage. Vous vous aimez très fort. Une belle image d'un homme aimant sa femme. Et d'une femme aimant son époux.
Tu l'aimes et tu lui prouves au quotidien. T'occupes de lui, d'un bon traitement et entretien. Il ne peut espérer mieux. Ni plus. Tu le fais avec ton cœur. Oui Parce que tu l'aimes. Et quand on aime on se surpasse. Et on dépasse tout.
Le soir il rentre son repas est prêt. Le matin il se lève son linge est propre. Il a tout pour lui, et pour son bonheur.
Mais ce matin... Ce matin, il rentre. Énervé. Agacé. Tu le ressens. Tu essaies donc de l'apaiser. Mais rien n'y fait. Tu insistes par la douceur. La gentillesse. Il n'accepte pas. Et te gifle.
Tu ne comprends pas. Le choc est là. Que s'est il passé ? Qu'a t'il fait ?
Il n'a pas fait exprès. Ce n'est pas grave.
Le miroir te montre juste une rougeur. Un peu de crème, d'ici quelques minutes il n'y aura plus rien. Et puis ce n'est qu'une gifle. Tu gardes le sourire.
"Je me suis juste grattée fort"
Il s'excuse. Il ne recommencera plus, c'est promis.
Et puis ce midi... La gifle n'est plus présente. Elle se transforme en poing. Tu te dis que c'est de ta faute. Tu n'avais qu'à faire son linge à temps. Il a assez patienté, tu n'avais qu'à te dépêcher.
Dans le miroir juste un hématome. Ca partira d'ici quelques jours. Tu as juste un peu mal au nez, l'hôpital a dit que c'était fracturé.
Et puis ce n'est qu'un coup de poing. Tu gardes le sourire.
"Je me suis prise une porte"
Il s'excuse. Il ne recommencera plus, c'est promis.
Et puis cet après-midi... un troisième coup. Il te pousse contre le mur pour te ruer de coups. Poings. Couteau. Tu es au sol. Il t'a frappée. C'est de ta faute aussi, tu n'avais qu'à le laisser parler.
Le miroir reflète du sang. Encore du sang. Tu l'essuies, ça finira bien par s'arrêter. Deux trois points de suture au visage. Un plâtre à la jambe et à la main. D'ici deux mois tout sera rétabli, tu pourras de nouveau marcher.
Tu gardes le sourire.
"Je suis tombée à vélo, ça va passer".
Il s'excuse. Il ne recommencera plus, c'est promis.
Et puis ce soir... Ce soir, Il te séquestre. Pendant deux jours. Qui paraissent interminables. Volets fermés. Électricité coupée. Tu as soif. Mais il n'y a pas d'eau. Tu as faim. Mais il n'y a pas à manger. La pièce est petite. Tu as chaud. Tu as froid. Tu te mets dans un coin.
Et s'il ouvrait la porte ? Et s'il te faisait mal ? Il faut que tu sois docile, c'est de ta faute aussi.
Le miroir te montre amaigrie, fatiguée, épuisée
"Je suis partie en week-end, c'est super!"
Il s'excuse. Il ne recommencera plus, c'est promis.
Et puis cette nuit... il t'attrape en plein milieu d'une rue, la nuit est noire. Il te bat, à sang. Pieds, poings, mains, genoux. Tout y passe. Tu te protèges. Mais à bout de force, ne peux plus. Les gens te regardent, par leur fenêtre. Messieurs dames, ce n'est pas grave. Allez vous coucher.
"Je suis juste tombée et fatiguée".
Tu est rentrée trop tard. C'est de ta faute.
Tu ne te relèves plus.
Le miroir ne reflète rien. Qu'un corps sans âme. Coma, contusions, hématomes, traumatisme crânien.
Tu t'en sors après quelques temps. Tu te dis ce n'est rien. Mais Le miroir te montre une toute autre réalité : tu as été une femme battue.
Abîmée. Souillée. Déchirée.
Il ne s'est pas excusé.. Il n'en n'a pas eu le temps.
Là c'est certain, il ne recommencera plus, c'est promis..